Déficit et budget public
Le budget public rassemble les recettes (impôts, cotisations, taxes, dividendes publics) et les dépenses (services publics, salaires, investissements, transferts sociaux). Lorsqu'il manque des recettes pour couvrir les dépenses, l'État enregistre un déficit. On peut parler de déficit annuel, ou de déficit structurel si le déséquilibre persiste hors période de crise.
Pourquoi un déficit se creuse
Plusieurs facteurs jouent. En période de ralentissement économique, les recettes fiscales baissent et les dépenses sociales augmentent automatiquement : c'est l'effet des stabilisateurs automatiques. À cela peuvent s'ajouter des décisions politiques (baisse d'impôts, hausse des dépenses) ou des chocs exceptionnels (pandémie, guerre, crise énergétique).
Le déficit peut donc être voulu, pour soutenir l'activité, ou subi, parce que la conjoncture dégrade les recettes. Cette distinction est importante pour juger du caractère temporaire ou durable du déséquilibre.
Déficit conjoncturel et structurel
Le déficit conjoncturel est lié au cycle économique : il se réduit lorsque la croissance revient. Le déficit structurel, lui, persiste même en période normale : il reflète un déséquilibre entre recettes et dépenses indépendamment du cycle. Les gouvernements cherchent souvent à corriger le déficit structurel pour stabiliser les finances publiques.
Déficit vs dette publique
Le déficit est un flux annuel ; la dette publique est un stock. Chaque déficit ajoute de la dette, tandis qu'un excédent permet de la réduire. C'est pourquoi le niveau de dette dépend de l'accumulation des déficits passés et du coût de financement.
Comment le déficit est financé
L'État finance son déficit en empruntant sur les marchés, principalement via des obligations. Le coût dépend des taux d'intérêt et de la confiance des investisseurs. Si les taux montent rapidement, le service de la dette peut peser davantage sur le budget.
Impacts économiques
À court terme, un déficit peut soutenir la demande et éviter une récession plus profonde. Mais à long terme, il peut limiter la marge de manœuvre budgétaire et rendre l'économie plus sensible à une hausse des taux. La question centrale est de savoir si l'argent emprunté finance des dépenses courantes ou des investissements productifs.
Règles et cadre institutionnel
Dans l'Union européenne, des règles encadrent le déficit (référence de 3 % du PIB), même si elles peuvent être suspendues en période exceptionnelle. Les États publient aussi des trajectoires pluriannuelles pour montrer comment ils comptent revenir vers l'équilibre.
Débats et controverses
Certains économistes estiment qu'il faut réduire rapidement les déficits pour préserver la confiance et éviter l'inflation. D'autres soutiennent qu'un déficit est acceptable si la croissance est suffisante et si l'État investit dans des priorités stratégiques. Le débat oppose souvent rigueur et soutien à l'activité.
Ce qu'il faut surveiller
Les indicateurs clés sont le déficit primaire (hors charge d'intérêts), la dynamique des taux, la croissance et l'inflation. Une hausse durable des taux peut rendre le déficit plus coûteux à financer et accélérer la hausse de la dette.
À retenir
Le déficit budgétaire mesure un déséquilibre annuel entre recettes et dépenses. Il peut être utile pour amortir une crise, mais il devient problématique s'il s'installe sans trajectoire crédible de retour à l'équilibre.